Vivre le corps porteur d'une escarre sacrée invasive est l'expérience d'une vulnérabilité poussée à son comble. La déchirure avec la fuite des éléments vitaux de l'organisme définit l'adversité qui angoisse les sujets malades et dans laquelle ils s'engouffrent. L'escarre semble être un supplice, autant pour le corps que pour l'âme. Elle affaiblit davantage le statut des sujets déjà altéré par l'indisponibilité du corps paralysé et les circonstances d'une hospitalisation vécues passivement. Des défaillances comportementales illustrent bien les bouleversements psychiques qui s'amorcent à l'idée même d'un corps qui s'efface avec disgrâce. L'approche du phénomène de mal-être nait du questionnement sur les dimensions entremêlées ou pas du corps et de l'âme lorsque le corps n'apparaît plus alors habitable par celui qui le vit. L'exercice philosophique s'appuie sur deux théories : la première vise à interpréter un dualisme entre la substance pensante et la substance corporelle ; le second système explique l'impossibilité de dissocier les deux matières dans les perceptions que les personnes ont à entretenir avec le monde.