L Etat postcolonial, en tant que tissu de réseaux interpersonnels et clientélistes, fait face aujourd hui à une situation inédite en Afrique Centrale : la fin du compromis postcolonial. La crise économique, la rupture de l aide internationale, l amenuisement de la prébende des exportations des ressources naturelles affaiblissent les pouvoirs publics désormais acculés à jouer leur survie. Les assises du pouvoir sont ébranlées. Les représentations et les pratiques de l Etat, du pouvoir et de la guerre se transforment. On assiste à la reconfiguration des pouvoirs sous l effet de la violence politique notamment. Cette dernière, récurrente, tend à la banalisation. Dès lors, elle est, spécialement dans sa forme paroxystique de la guerre, structurante de l Etat, du pouvoir et des rapports sociaux et économiques. Il convient d y voir non pas la fin de l Etat, mais l émergence de nouvelles modalités de sa réappropriation. Les figures du pouvoir et de la régulation sont réinventées. Elles ne sont pas complètement en dehors de l Etat : elles entretiennent avec lui des rapports de complicité et de réciprocité, de concurrence et de rivalité. Ce processus concourt à la formation de l'Etat.