Entre 1960, date du premier essai nucléaire français au Sahara, et 1998, année de démantèlement du dernier site expérimental polynésien, la France mena 210 essais nucléaires, charriant une radioactivité 100 fois plus importante que celle d'Hiroshima et Nagasaki, et 14 fois plus puissante que celle de Fukushima. Les registres officiels comptent 14 accidents, aux retombées désastreuses pour la santé et pour l'environnement. Les 150,000 victimes de ces essais nucléaires, employés civils ou militaires, ou encore populations locales, ont dû attendre près de 40 ans pour que leur cause soit entendue et qu'une indemnisation leur soit offerte. Le problème est qu'en matière de nucléaire, la science pose davantage de questions qu'elle n'apporte de réponses. Le droit, quant à lui, se tourne vers la création d'un régime d'indemnisation particulier, car le droit commun ne suffit pas. C'est donc à la suite d'une course éreintante que la loi relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français a pu voir le jour en 2010. Apparaît alors le dilemme entre légitimité étatique et intérêts des victimes, qui aura tiraillé ses rédacteurs ainsi que son application.