La question du changement au sommet de l'État camerounais se pose avec une certaine régularité dans l'opinion publique nationale et internationale. À l'observation, ce qui se joue dans la scène de l'alternance n'obéit pas à une ultima ratio. C'est un jeu à somme multiple. L'intrigue de l'alternance présidentielle intègre et dépasse la question de la succession. Derrière cet enjeu, il y a des logiques de positionnement politique. Sous ce rapport, se positionner dans la perspective de "l'après-Biya" c'est exacerber le repli identitaire pour disqualifier d'autres élites par le recours opportuniste au principe de la rotation ethnorégionale du pouvoir présidentiel. La fabrique du profil présidentiel idéal dans la perspective de "l'après-Biya" mobilise autant que les scenarii possibles. Là aussi, l'intérêt des acteurs exogènes semble obéir à la dialectique des intelligences notamment lorsqu'ils prévoient le chaos là où, paradoxalement, ils s'activent pour gagner des parts de marché. L'annonce du chaos dans la perspective de "l'après-Biya" entretient une obsession craintive politiquement modulable. Au demeurant, c'est son rapport aux "prédictions créatrices" qui reste assez redouté.