L'abolition de la peine de mort est un thème partout agité au début du XIXe siècle. Dans les cercles littéraires, judiciaires, philosophique, politiques, religieux, parlementaires, les assauts des abolitionnistes sont incessants. Leurs motivations sont diverses, parfois surprenantes pour l'habitué des lignes politiques plus contemporaines. Avant d'être un combat de gauche, l'abolition fut contre-révolutionnaire, et la peine de mort tant associée à la guillotine de la première République que la haine de l'une déborda souvent sur l'autre. Les clans se forment ensuite selon l'aversion pour le châtiment suprême en matière politique ou pénale. La clémence pour les assassins n'invoque pas la même sensibilité que la compassion pour les ennemis politiques, auxquels nombreux sont ceux qui peuvent s'identifier, en ces temps de fréquents bouleversements de régimes. Les abolitionnistes les plus connus, Hugo, Lamartine, représentent bien la diversité des familles politiques: jeunes royalistes, puis libéraux socialisants, ils montrent à quel point toutes les questions d'un siècle se cristallisent autour de la peine de mort.