Cette thèse confronte les discours et pratiques de légitimation au Dahomey/Bénin et au Togo de la conquête coloniale à nos jours. Elle analyse l'usage de la mémoire pour la légitimation de l'autorité politique locale dans une région frontalière ouest-africaine. Surtout pour les sociétés sans traditions écrites fortes, comme les Lokpa au nord du Bénin et au Togo, les historiens doivent utiliser la mémoire vivante (histoire orale) pour reconstituer l'histoire des événements, des personnes et de leur mode de vie. La mémoire, cependant, a le problème inhérent d'être incomplète et pas nécessairement fidèle aux « faits » historiques. La mémoire doit être considérée comme un phénomène contemporain, un lien vivant entre le passé et un présent en constante évolution et les intérêts qui s'y rattachent. Les chefs Lokpa-Lama soutiennent la légitimité de leur autorité par le recours à des mémoires collectives qui interprètent le patrimoine culturel et leur position en tant que figures d'autorité. Cependant, ces interprétations du passé sont souvent controversées en raison de leur rapport à la légitimité du pouvoir, de plus en plus contestée ces dernières années.