Me voilà face à ce mur démantelé. Les nuages que le ciel crache m'empêchent d'avancer. Des ombres passent par milliers, des visages inconnus, des sourires effacés, des yeux désarçonnés, des regards déboutonnés, des larmes alarmantes inondent mon corps déchiqueté. Enfermés dans mon gouffre auréolé de lustres éteints, mes sens défilent tels des anneaux défunts, transcendent mon corps aux souffles dépeints, traversent les rivières harpeuses de mes matins, réveillent les cris de mes sinistres jardins et s'abattent sur mes champs enfantins. Cernée d'embrasures, enveloppée d'armures, châtiée de brûlures, mon âme se mélange au sang pur d'une existence oubliée. Des cadavres mornes souillés de blessures d'antan viennent hanter mon coeur délogé, empêchent mes pas d'ancrer leur histoire. Qui sont-ils ? Qui suis-je ? Qui sommes-nous ?