Cet ami se nommait et se nomme encore Max de Villiers. J¿avais rencontré Max au milieu d¿une partie de chasse, dans le parc de Compiègne, à l¿époque où le duc d¿Orléans commandait le camp. C¿était en 1836 ; je faisais Caligula à Saint-Corneille. Max était un camarade de collège du duc d¿Orléans, plus jeune que moi d¿une dizaine d¿années. C¿était un homme du monde, de vingt-cinq à vingt-six ans, de bonne éducation, de façons excellentes, gentleman jusqüau bout des ongles. ¿ J¿emprunte aux Anglais cette locution qui nous manque, pour exprimer ma pensée. Sans être riche, Max avait quelque fortune ; sans être beau, il était charmant ; sans être savant, il connaissait beaucoup de choses ; enfin, sans être peintre, il était artiste, dessinant avec une rapidité et un bonheur incroyables les traits d¿une figure ou la silhouette d¿un paysage. Il adorait les voyages : il connaissait l¿Angleterre, l¿Allemagne, l¿Italie, la Grèce, Constantinople. Nous nous étions beaucoup plu ; pendant les cinq ou six chasses que nous fîmes avec le duc d¿Orléans, nous nous plaçâmes à côté l¿un de l¿autre. Il en fut ainsi aux dîners : libres de nous asseoir à notre convenance, nous échangions un coup d¿¿il, nous nous rappro- chions, et, pendant tout le repas, nos deux chaises se touchaient et nous bavardions à qui mieux mieux. Il était de cette rare espèce d¿hommes qui ont de l¿esprit sans s¿en douter. Son voisinage m¿allait donc à merveille : ¿ à la chasse, parce qüil était prudent ; ¿ à table, parce qüil était spirituel.
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