Depuis le début du XXe siècle, des penseurs comme Gaston Bachelard ont constaté puis décrit le foisonnement et le dynamisme de la culture scientifique, à travers les « possibilités » de la connaissance. Ce foisonnement a permis à la communauté scientifique de reconsidérer non seulement le débat sur la complexité et les possibilités de la connaissance, mais aussi et surtout sur la nécessité d'une articulation dynamique de tout ce qui peut contribuer à une lisibilité du monde. Seulement, cette articulation semble être occultée par la civilisation contemporaine, préoccupée davantage par les performances et les succès de la science moderne. C'est ainsi que nous interrogeons le regain scientifique du matérialisme constitué de notre époque, afin d'en dégager les implications sociocognitives. Il s'agit de mesurer les capacités de notre civilisation, forte de toute sa matérialité, à considérer la spécificité et l'intelligibilité des valeurs culturelles et spirituelles, non seulement pour une meilleure appréhension du monde dans son ensemble, mais aussi pour une prise en compte d'une éthique dans les recherches en science, et la reconstruction d'un humanisme à la mesure de notre temps.