Qu'est-ce que le matérialisme en France au XVIIIe siècle ? Ne faudrait-il pas plutôt parler des matérialismes ? Au temps des Lumières, la notion ne recouvre pas une doctrine unifiée. Usant des canaux de diffusion des écrits clandestins, les matérialistes (re)composent à leur guise sources antiques et modernes. Une diversité dont témoignent les supports dans lesquels se diffuse cette « affreuse doctrine » : traités philosophiques, bien sûr, mais aussi fictions libertines, dialogues, poèmes didactiques, gravures... S'ils sont souvent ouvertement subversifs, les écrits matérialistes savent également revêtir les atours d'une orthodoxie feinte pour mieux en saper les fondements. Réunissant philosophes et spécialistes de la littérature, ce volume contribue à affiner les enjeux d'une pensée protéiforme qui a accompagné, en s'en nourrissant, le déclin des grandes charpentes métaphysiques.