En France, au début du XXe siècle, deux courants de pensée s'élèvent contre les théories libérales qui ont renversé l'ordre millénaire de l'Europe au profit d'une petite minorité de marchands et d'usuriers. Le premier, ancré dans un traditionalisme dont il refuse néanmoins l'esprit réactionnaire, dirige ses attaques contre le libéralisme politique: la démocratie. Le second, dérivé du socialisme utopique et scientiste, dont il rejette les interprétations simplistes et déterministes, prend pour cible le libéralisme économique. D'un côté, l'oeuvre doctrinale de Maurras stimule les minorités nationalistes qui visent à libérer l'État, littéralement occupé par la bourgeoisie et à le restructurer selon l' ordre naturel . De l'autre, l'oeuvre de Sorel suscite l'intérêt des minorités syndicalistes qui cherchent à libérer le prolétariat de l'exploitation bourgeoise et à redonner à ses membres la place qui leur revient dans la société de production. Les uns et les autres se rendent vite compte que leur ennemi est le même. C'est de cette prise de conscience que résulte la tentative de synthèse du nationalisme et du socialisme des divers mouvements fascistes qui se développent en Europe après la Première Guerre mondiale. D'où l'importance historique des idées maurrassiennes et soréliennes que le sociologue Jacques de Mahieu analyse dans deux des trois essais reproduits dans l'ouvrage qu'il fait paraître sous le titre de Maurras y Sorel en 1969.
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