Ce fut le dix-huitième jour du mois de mars 1634, disent les registres de la paroisse Saint-Sulpice, que fut baptisée en cette paroisse «Marie-Magdeleine, fille de Marc Pioche, écuyer, sieur de la Vergne, et de demoiselle Élisabeth Pena, sa femme. Parrain, Messire Urbain de Maillé, marquis de Brézé; marraine, Marie-Magdeleine de Vignerot, dame de Combalet». C'est une pièce peu intéressante que le texte d'un acte de baptême; mais il n'y a si mince document dont on ne puisse tirer parfois une indication instructive, et c'est le cas pour celui-ci. Le père de Marie de la Vergne est qualifié d'écuyer: c'était, dans la hiérarchie nobiliaire, le dernier des titres; sa mère, de demoiselle, sans épithète. Ses parents étaient donc de très petite noblesse. Par contre, le parrain et la marraine sont de haut lieu: le marquis de Brézé est maréchal de France, chevalier des ordres du roi, conseiller en son conseil, etc. Quant à la marraine, c'est la future duchesse d'Aiguillon, la nièce préférée de Richelieu. Sont-ce des amis? Non, ce sont des supérieurs. Pioche de la Vergne sera gouverneur de Pontoise pour le compte du marquis de Brézé, et il commandera plus tard au Havre, au lieu et place de la duchesse d'Aiguillon, gouvernante en titre. C'étaient surtout des protecteurs qu'en parents avisés, Pioche de la Vergne et Élisabeth Pena avaient cherchés dans le parrain et la marraine de leur fille. Cela suffit à nous montrer que Marie de la Vergne est née au second rang. Nous la verrons conquérir peu à peu le premier, mais pour y réussir, il lui faudra déployer un certain savoir-faire, et nous n'aurons qu'à nous rappeler son acte de baptême pour comprendre qu'un peu de diplomatie se soit toujours mêlé à son charme et à son génie.
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