Dans les années 80, les milieux parisiens de la mode ont vu arriver des collections présentées par des couturiers japonais, qui ont été, pour certaines, très controversées. Ces collections relevaient d'une tentative d'invention d'une nouvelle ligne de vêtement qui révolutionnerait la notion conventionnelle de la mode vestimentaire en Europe et ont été appelées, dans le milieu même de la mode, le "phénomène japonais". Notre analyse du discours médiatique sur ce phénomène révèle la propension généralisée à faire usage de stéréotypes interculturels. Au-delà de leurs sensibilités politiques spécifiques, les journaux reconduisent en effet le même stéréotype plutôt nippophobe de la violence. Cette mode n'est pas décrite comme résultant de l'exercice d'un talent spécifique, mais plutôt comme propre au Japon. L'image pittoresque renvoyée par ces stéréotypes a pour fonction de faire consentir le lecteur au discours qui lui est proposé et de le persuader de la spécificité de la mode des créateurs japonais. Les écarts entre types de lecteurs-modèles conditionnent l'utilisation par chaque locuteur des diverses fonctions des stéréotypes : la fonction logique, pathétique, ou éthique.