Ce travail cherche à mettre en évidence, dans l'univers poétique goethéen, la présence obsédante de l'angoisse létale. La poésie de Goethe peut en effet se lire comme une tentative toujours réitérée de dire, de représenter, de symboliser l'affrontement du poète à la mort. L'analyse privilégie les oeuvres dramatiques et narratives, qui présentent une dramaturgie de cet affrontement. Plus que la critique proprement goethéenne, l'auteur a interrogé la théorie littéraire contemporaine et la réflexion philosophique, sociologie, théorie des mythes, psychanalyse. Le rôle structurant de la pulsion de mort dans le travail psychique a été mis en évidence par la théorie freudienne. Suscité et structuré par la hantise létale, le texte poétique de Goethe devient alors le lieu où se déploie l'imagination de la mort. Il retrace à travers trois thèmes récurrents, le suicide, le lien entre la femme et la mort, la mort de l'enfant, le cheminement de la hantise. L'analyse de ces trois thèmes dégagel'existence poétique d'un personnage fondamental qui, ayant commerce avec la mort, viole l'interdit majeur, d'un acte primordial, le meurtre de soi-même ou de l'autre, la transgression étant finalement, au terme d'un parcours qui fait accéder à l'éthique et à la loi, dans l'écriture assumée; non pas réitérée, mais reléguée dans une antériorité, placée dans la mémoire. L'acte d'écrire permet donc le dépassement de la hantise et du tragique, une euphémisation de la mort, non pas fuite dans le divertissement, mais affirmation de la fonction vitale du symbole.