Le prendre soin (care) à la fois sollicitude et technique du corps, par sa nature invisible car banalisée, est un acte peu pensé en dehors d un cadre éthique. Les échanges peuvent être envisagés à partir du paradigme du don décrit par Marcel Mauss. La triple obligation de donner, recevoir et rendre, conduit à une réflexion sur la nature de ce qui est en jeu dans la relation de soin, en l occurrence la valeur du lien et la gratitude. Il s agit ici d interroger les points de vue habituels de la philosophie de la sollicitude, qui ont tendance, en survalorisant les aspects éthiques de la relation de soin, à délaisser quelque peu les dimensions purement pratiques de l acte de soin. Une approche phénoménologique de l analyse des interactions de face à face, par le biais du travail de "figuration" tiré de la sociologie interactionniste d Erving Goffman, montre qu il est possible d appréhender la relation de soin sous l angle du rite cérémoniel. La pensée de Paul Ricoeur peut nous aider à envisager le soin comme l actualisation à chaque fois singulière d une incessante et fragile recherche de reconnaissance mutuelle jamais totalement acquise.