La question de la valeur esthétique constitue le fond même des études littéraires. Curieusement, elle a été refoulée pendant la période structuraliste de la science de la littérature. Le but principal de ce livre est de contribuer à remettre cette question de la valeur à la place centrale qui est la sienne dans les études littéraires. L’évaluation d’une œuvre littéraire engage le lecteur dans une série de paradoxes épistémologiques, que l’on ne peut surmonter, mais qu’on ne peut pas esquiver non plus; le livre définit ainsi les conditions de tout travail philologique. L’ouvrage analyse les types de jugement mis en œuvre lorsque nous évaluons, et qui s’avèrent tous appartenir à seulement deux classes: Le jugement cognitif („l’œuvre est vraie/fausse“) et le jugement affectif („l’œuvre me plaît/me déplaît“). Ces jugements se laissent moduler dans une perspective temporelle (la valeur historique, la valeur utopique) et empruntent leurs arguments concrets à la réalisation textuelle et psychologique des instances de la communication. L’essai élabore une théorie de l’évaluation littéraire dans une perspective communicative, pragmatique et sociologique. Il classe systématiquement les critères de valeur communément invoqués et voue une attention particulière aux problèmes soulevés par l’évaluation de l’art populaire. Le dernier chapitre essaie de dresser une éthique, mieux, une déontologie de la critique littéraire publiée dans la presse. Enfin, un appendice établit un modèle d’analyse sémiologique du compte rendu littéraire comme type textuel.