Ce livre vise à éclairer certains procédés translatifs dans la littérature postcoloniale europhone. L''écrivain postcolonial transpose dans la langue étrangère du colonisateur une pensée ancrée dans sa propre langue et sa propre culture. Cette forme de traduction n''intervient pas comme un pont entre deux textes distincts, car il n''existe pas de texte original au sens habituel de ce terme. Un métatexte en tient lieu, formé par la culture que l''écrivain colonisé représente à travers des personnages évoluant dans sa langue maternelle. Cette écriture-comme-traduction se distingue d''une écriture en langue seconde en ce sens que le contexte postcolonial conduit à interroger la représentation de soi et de l''Autre, l''acculturation ou la réappropriation de la langue maternelle dévalorisée. Dans ce contexte, la traduction opère toujours sur le matériau linguistique et culturel, mais elle se manifeste aussi dans le va-et-vient du regard ou dans ce qu''on pourrait appeler la translation identitaire du sujet allant et venant lui aussi entre deux univers. Grâce à cette double identité, il pose un regard neuf sur sa propre communauté.