Les nombreuses atteintes à la liberté de la presse par le pouvoir politique constituent une réalité établie en Afrique. Au terme de plusieurs années d'enquête menée au Bénin, au Sénégal et au Togo entre 1999 et 2004 dans les milieux de la presse privée écrite, cette étude révèle toutefois l'existence d'un autre phénomène tout aussi négateur de la liberté de la presse. Sous l'effet de la corruption, bon nombre d'organes de presse privée écrite sont en réalité, parfois sous couvert d'un discours démocratique, de véritables instruments de pression et de lobbying au profit d'intérêts occultes : défense d'hommes d'affaires douteux, promotion d'hommes politiques véreux, cristallisation des « clivages ethniques nationaux » à des fins politiques au profit des partis au pouvoir et des partis d'opposition... Cette étude invite à tenir compte de cet « activisme médiatique » (toujours en cours) pour cerner, sans les justifier, les pratiques répressives à l'encontre de la presse en Afrique.