Le présent travail s'inscrit dans le cadre dialectologique et se propose de comparer les systèmes prosodiques du rushobyo, un dialecte en voie de disparition, parlé au Nord-Ouest du Rwanda, et le kinyarwanda dit standard, langue bantoue à tons. Il met d'abord en évidence le fait que le premier a subi toute une série de transformations qui l'ont amené à se démarquer du second et ont provoqué la perte de la fonction distinctive des éléments tonals. Il démontre ensuite que ces derniers ne jouent plus qu'un rôle contrastif sous l'effet de procédés de régularisation morphotonologique (régularisation syntaxique, syllabique, rythmique et prosodique) qui débouchent sur une ''dégénérescence tonale'' ou un ''bouleversement tonal'' dont le résultat final est la fixité des éléments tonals. Il conclut enfin au passage du rushobyo d'un système tonal à un système à accent libre agissant particulièrement sur les syllabes antépénultièmes mais pouvant, à long terme, évoluer en un système à accent fixe.