La crise survenue au début des années 1980 s'est accompagnée d'une redéfinition de la protection sociale qui est passée d'une vocation redistributive à un objectif de réinsertion dans l'emploi. Initialement basés sur le principe de garantir un revenu, les systèmes sociaux européens se sont orientés vers la remise au travail des allocataires. Si cette évolution commune en direction d'une protection sociale plus active ne s'est pas traduite de la même façon partout en Europe, il y a toutefois eu convergence des modèles en termes d'activation des chômeurs et des bénéficiaires de minima sociaux. La protection sociale est ainsi devenue un instrument au service de l'emploi et du marché du travail. Le changement de logique de l'aide aux sans emploi a induit un renforcement des obligations qui pèsent sur eux car le versement des prestations sociales est dorénavant conditionné au respect de la recherche active d'un travail et de l'acceptation d'un emploi. L'affaiblissement de la fonction d'aide au revenu au profit de celle de réintégration sur le marché du travail indique une tendance des systèmes de protection sociale européens à se rapprocher du workfare anglo-américain.