Cet essai vise à sonder les mécanismes et les choix que les quatre traducteurs de Camilleri en France, Louis Bonalumi, Dominique Vittoz, Serge Quadruppani et Marilène Raiola ont mis en place devant la tâche difficile de rendre compréhensible la langue de l'écrivain sicilien, cas littéraire en Italie et cas de traduction en France. "Un sentiment d'une étrange familiarité" ou "d'une étrangeté familière": voilà les définitions de Quadruppani et Vittoz à propos de l'effet que Camilleri a produit chez ses lecteurs italiens. Et chez les Français? Chaque traducteur a donné sa propre réponse et par là même sa propre interprétation et traduction. Ce qui se manifeste dans cette étude, c'est aussi une tentative de définir les domaines auxquels la linguistique française contemporaine peut puiser (idiolectes, sociolectes, dialectes, argot, français familier et populaire, ancien français, formes hybrides ou inventées) pour faire face à l'entreprise de "régionaliser" un produit étranger en évitant de l'effacer sous un halo de standardisation: bref, définir les "français" de Camilleri.