Cette recherche propose un cadre d'analyse des relations contractuelles qui permette de considérer leur incomplétude. Elle s'articule autour de l'idée que la compréhension de l'incomplétude dépend de la nature de la rationalité attribuée aux agents. Il est d'abord montré que la théorie des contrats incomplets, qui dote les contractants d'une rationalité substantielle, ne formalise pas des contrats incomplets, ce que son nom laisserait croire, mais des contrats complets incitatifs flexibles. L'analyse de l'incomplétude en rationalité limitée montre ensuite les incohérences des deux types d'approche concevables (endo- et exo-contractuelle). Une approche positive de l'incomplétude en rationalité procédurale est alors proposée. Elle analyse les relations contractuelles cadrées en termes d'égoïsme éclairé et montre comment leur encastrement dans des contrats puis dans des réseaux, en fonction de leurs enjeux, engendre la coopération. L'incomplétude en est une condition nécessaire: son acceptation est le signe indiscutable de la volonté de coopérer des contractants.