Ce livre issu d'une recherche que je mène depuis 2004 porte sur la rhétorique de "l'ère du Changement" en Tunisie. Cet axe de communication s'est renforcé avec l'accès du Président Zine el Abidine Ben Ali à la tête du pays en 1987 à la suite d'un coup d'État "en douceur", qui avait conduit à la destitution de l'ancien Président Habib Bourguiba. Depuis 1995, en outre, date de la signature par la Tunisie du traité de Barcelone, les promoteurs de la "Tunisie du changement" optent pour une communication autour de "la mise à niveau" favorisant ainsi l'intégration progressive du marché national tunisien dans l'économie-monde européenne. Dans ce contexte politico-économique, il m'a semblé intéressant de voir si et comment l'entreprise pouvait se faire écho de cette rhétorique, et comment elle prolongeait les problématiques de la modernité tunisienne, jusque dans son mode managérial. Le but est donc de mesurer la place de la communication du changement actuelle à l'aune du processus réformiste tunisien. Celui-ci est ancré dans une tradition autoritaire dont les racines proviennent en partie d'un saint-simonisme s'installant en Tunisie depuis l'agonie de l'Empire ottoman.