Parmi les nombreuses anthologies de la fin du Moyen Age, nous en avons choisi deux dont la structure nous oblige à traiter à la fois ensemble et séparément. Le dépouillement quantitatif dont résultent les vingt-et-une listes de l'annexe, permet d'examiner les analogies existantes non seulement entre les deux anthologies mais aussi entre celles-ci et l'album personnel de Charles d'Orléans. L'étude des poèmes de concours et des dialogues poétiques qui sert de transition vers l'approche littéraire, révèle une poésie particulièrement vivante où les vers voyagent, en passant de main en main et de milieu en milieu, de manière tellement rapide qu'on n'arrive pas à suivre l'ordre de leur création. L'amour trouve son expression dans l'utilisation de l'accumulation et de la contradiction qui disloquent le discours poétique et qui transforment le poème en un jeu de mots amusant où le message poétique se perd dans la cascade des dérivations, ainsi que dans l'emploi systématique de la rime équivoquée et dérivative qui parent le vers d'une musicalité intérieure. Nos poètes bretons, inclinés au formalisme, se rattachent à la lignée de ceux qu'on appelle poètes de la première rhétorique.