L'intégration européenne occasionne de multiples dilemmes pour les organisations syndicales, habituées à exercer leurs répertoires d'action dans un espace d'État-nation. Parmi les dilemmes spécifiquement liés à l'intégration européenne, nous comptons la mobilité de la main-d'oeuvre et la création d'un marché unique des services. Ce livre examine les stratégies des organisations syndicales danoises et suédoises de trois secteurs économiques pour s'attaquer à ces deux dilemmes. Des approches néo-institutionnalistes, notamment celle concernant les "variétés du capitalisme", s'attendraient à des réponses relativement uniformes, axées sur les fortes complémentarités institutionnelles nationales émanant des relations industrielles scandinaves coordonnées. Notre thèse confirme que les institutions nationales jouent un rôle important pour atténuer les impacts de l'intégration économique, au fur et à mesure que l'intégration progresse. L'analyse de nos cas, basée sur plus de soixante entretiens semi-dirigés effectués en Europe, nous permet cependant d'affirmer un rôle également important pour des facteurs endogènes, notamment l'entrepreneuriat institutionnel et les capacités stratégiques.