L'Estrie, une région du Québec (Canada) de 300 000 habitants, n'a jamais eu d'hôpital psychiatrique et s'avère donc un exemple extrême de désinstitutionnalisation. Comment parvient-on à y soigner et à héberger les malades les plus atteints? Ce système a-t-il des conséquences néfastes? Nous avons conçu une étude de cas jumelant données qualitatives et quantitatives pour élucider ces questions. Nous voulions repérer les patients psychotiques les plus lourdement et durablement atteints, comprendre leur cheminement à travers le réseau de soins et identifier les ressources disponibles pour cette cohorte. Nous avons constaté qu'il semble possible d'éliminer le recours à un hôpital psychiatrique si l'on peut compter sur une gamme adéquate de ressources d'hébergement, de soins et de réadaptation communautaires; il faut aussi prévoir des milieux de vie très encadrés et de longue durée pour les patients très atteints (prévalence 10 20/100 000).