Certains réseaux de traducteurs bénévoles mettent les mots au service d'un véritable idéal humaniste, tandis que d'autres se contentent de connecter différents acteurs en demande de services linguistiques gratuits. Au regard de la multiplication et de la diversification de ces réseaux, un inventaire des enjeux liés à une telle pratique s'impose, notamment pour les traducteurs professionnels de demain qui sont de plus en plus nombreux à utiliser la traduction bénévole comme transition entre la formation universitaire et le métier de traducteur. L'opposition entre la traduction «gratuite» et celle à valeur marchande est réductrice dans la mesure où tout «contrat» entre le traducteur et l'ONG, même fictif, engage les deux parties. La traduction bénévole peut et doit permettre aux deux parties d'acquérir des compétences techniques, pratiques, terminologiques, linguistiques et déontologiques. Les pistes proposées pour l'amélioration des pratiques vont dans le sens d'une valorisation de ce phénomène virtuel émergent et rappellent que, dans le gigantesque espace des possibles qu'est devenu Internet, l'expérience ne peut être formatrice que sous certaines conditions.