This book investigates the beginnings, in the 10th century CE, of an autonomous reflection on language in the "non-dualist" trend of Brahmanical exegesis (Advaita-Vedanta), inaugurated in the 8th century by Sankara. Its starting point is the detailed study of the most ancient text of that tradition exclusively devoted to linguistic philosophy: Prakasatman's Inquiry into Verbal Knowledge (Sabdanirnaya), critically edited and translated here for the first time. The text and its translation are followed by a new edition of its only known Sanskrit commentary by another famous Advaitin, Anandabodha (11th century). A preliminary study, historical as well as philosophical, introduces some key concepts, and situates this seminal work at the crossroads between two lines of history: that of the non-dualist movement after Sankara ("classical" or "late" Advaita) and that of linguistic traditions in medieval India. On this basis, an attempt is made to understand why one of the most illustrious non-dualist thinkers chose to engage in an entirely new reflection on language, virtually unknown to his predecessors, thereby breaking new ground for what would become the typical Vedantic reflexion on meaning and interpretation. This approach, centred on hermeneutics rather than doctrine, allows one to understand how philosophy of language came to occupy a prominent position in later Advaita, as the cornerstone of a "system" where Being, however immediate, presents itself through the medium of Sacred Speech.Ce livre cherche à circonscrire l'apparition, au xe siècle de notre ère, d'une réflexion autonome sur le langage au sein du courant de pensée exégétique non dualiste (Advaita Vedanta) inauguré au viiie siècle par Sankara. Son point de départ est l'étude approfondie du plus ancien texte de cette tradition consacré exclusivement à des questions linguistiques, l'Enquête sur la connaissance verbale (Sabdanirnaya) de Prakasatman, qui fait ici l'objet d'une nouvelle édition critique et d'une première traduction intégrale. Le texte et sa traduction sont suivis d'une nouvelle édition de son unique commentaire sanskrit connu, par Anandabodha (xie siècle). Une étude préliminaire, historique et philosophique, introduit le lecteur à certains concepts-clés et situe ce texte fondateur au croisement de deux histoires : celle du mouvement non dualiste après Sankara (l'Advaita dit « classique » ou « tardif »), et celle des théories linguistiques dans l'Inde médiévale. On s'efforce ainsi de comprendre les raisons qui poussèrent l'un des plus illustres représentants de la tradition sankarienne à l'aube du second millénaire à s'engager dans une réflexion sur le langage encore largement étrangère à ses prédécesseurs, quand bien même elle plonge ses racines dans des problèmes exégétiques plus anciens. Cette approche - herméneutique plus que doctrinale - permet de redonner à la parole toute sa place dans l'édifice du Vedanta, « système » dont le fondement se donne dans une extériorité radicale, et dont la réflexion linguistique constitue à bien des égards la philosophie première.