Cette étude cherche à montrer que toute l'oeuvre de Wolfgang Koeppen est déterminée par l'obsession d'une "frontière", blocages psychologiques ou déchirement réel d'un monde traumatisé par la guerre, et poursuit comme un mirage la vision d'une humanité enfin délivrée de ses chimères. Cette thématique est rendue par la technique du "réalisme magique", dont Koeppen n'est certes pas l'inventeur, mais qu'il a magistralement renouvelée. Là où Koeppen excelle, c'est peut-être dans le récit de voyage, aspect que la critique n'a pas assez mis en valeur, un genre à mi-chemin entre le reportage, l'essai poétique et l'aveu autobiographique, où se révèle un auteur sensible à l'histoire et à ses mirages, et que sait rendre, avec tout l'art de l'ambiguïté, une langue à la fois précise et mordante, et riche de métaphores.