Une écriture cinglante, caractérisée par un humour sauvage et macabre.
Avec ce roman, son tout dernier paru en Uruguay en 2013, Allemagne, Allemagne !, l'auteur revisite la Seconde Guerre mondiale et nous en donne une version hallucinée. Le roman se divise en trois parties de l'Angleterre bombardée où un écrivain fou et boiteux au service du contrespionnage britannique perd sa femme et ses enfants lors d'un bombardement, en passant par l'Allemagne nazie, et enfin l'Uruguay.
Le narrateur, mort, à la double personnalité, raconte son histoire : un fantôme engage un débat sur le véritable auteur d'Hamlet et pendant ce temps les bombes tombent sur Londres et les nazis grignotent l'Europe.
Polleri réussit à contrôler le chaos, à soumettre avec son écriture minutieuse les démons qui hantent ses personnages. D'abord une Angleterre racontée par un écrivain de génie mort et anonyme changeant sans cesse de nom, puis une Allemagne où un enfant homme monstre répondant au nom de Parsifal doit porter le lourd héritage d'être le fils de Mengele, ce médecin du régime nazi, alors qu'il déambule en chaise roulante dans un hôpital psychiatrique dirigé par le docteur Prinzhorn, psychiatre allemand qui publia et diffusa l'oeuvre de centaines de malades mentaux, qui influença le mouvement surréaliste.
Un roman qu'on ne lâche pas. Polleri nous happe. On en sort secoué.
EXTRAIT
Je suis mort. Je suis mort il y a quatorze ans. Maintenant que j'y pense, toute ma famille est morte. Je n'ai ni frères ni soeurs. Je n'ai jamais voulu en avoir, ni de parents, bien sûr. J'aime à penser que je suis le fils d'un renard et d'une poule. Ou d'une plume et d'un couteau. Mes parents sont morts à cinquante et quelques années dans un accident. J'ai hérité de leur maison. J'ai hérité de leur auto parce qu'ils se déplaçaient à pied. Enfin : je crois qu'ils auraient préféré ne rien me laisser. Moi aussi j'aurais préféré qu'ils ne me laissent rien. J'exagère : quand ils sont venus me dire que j'étais « orphelin », oui, un anglais de vingt-trois ans peut être un petit orphelin, mon ambition s'est réveillée. Je veux être mort, pensai-je. Parce que de tous les biens de ces deux idiots la seule chose que j'ai briguée fut la mort. Je ne pensais pas qu'ils la trouveraient aussi vite...
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
« Depuis son premier roman traduit en français, on apprécie l'Uruguayen Felipe Polleri pour son exploration du monde de la folie, vue de l'intérieur, et des questions que posent l'aliénation et la vie quotidienne. Dans Allemagne, Allemagne !, il reprend son thème favori pour cette fois le confronter à une folie plus générale, plus historique aussi, puisqu'une bonne partie du roman est une allusion au nazisme. » (Christian Roinat, Espace Latinos)
A PROPOS DE L'AUTEUR
Felipe Polleri est né en juin 1953 à Montevideo. Diplômé en bibliologie, il a travaillé pendant près de quatorze ans à la Bibliothèque Nationale de Montevideo. En 1995, il démissionne et se consacre totalement à la littérature et à la pauvreté.
Avec ce roman, son tout dernier paru en Uruguay en 2013, Allemagne, Allemagne !, l'auteur revisite la Seconde Guerre mondiale et nous en donne une version hallucinée. Le roman se divise en trois parties de l'Angleterre bombardée où un écrivain fou et boiteux au service du contrespionnage britannique perd sa femme et ses enfants lors d'un bombardement, en passant par l'Allemagne nazie, et enfin l'Uruguay.
Le narrateur, mort, à la double personnalité, raconte son histoire : un fantôme engage un débat sur le véritable auteur d'Hamlet et pendant ce temps les bombes tombent sur Londres et les nazis grignotent l'Europe.
Polleri réussit à contrôler le chaos, à soumettre avec son écriture minutieuse les démons qui hantent ses personnages. D'abord une Angleterre racontée par un écrivain de génie mort et anonyme changeant sans cesse de nom, puis une Allemagne où un enfant homme monstre répondant au nom de Parsifal doit porter le lourd héritage d'être le fils de Mengele, ce médecin du régime nazi, alors qu'il déambule en chaise roulante dans un hôpital psychiatrique dirigé par le docteur Prinzhorn, psychiatre allemand qui publia et diffusa l'oeuvre de centaines de malades mentaux, qui influença le mouvement surréaliste.
Un roman qu'on ne lâche pas. Polleri nous happe. On en sort secoué.
EXTRAIT
Je suis mort. Je suis mort il y a quatorze ans. Maintenant que j'y pense, toute ma famille est morte. Je n'ai ni frères ni soeurs. Je n'ai jamais voulu en avoir, ni de parents, bien sûr. J'aime à penser que je suis le fils d'un renard et d'une poule. Ou d'une plume et d'un couteau. Mes parents sont morts à cinquante et quelques années dans un accident. J'ai hérité de leur maison. J'ai hérité de leur auto parce qu'ils se déplaçaient à pied. Enfin : je crois qu'ils auraient préféré ne rien me laisser. Moi aussi j'aurais préféré qu'ils ne me laissent rien. J'exagère : quand ils sont venus me dire que j'étais « orphelin », oui, un anglais de vingt-trois ans peut être un petit orphelin, mon ambition s'est réveillée. Je veux être mort, pensai-je. Parce que de tous les biens de ces deux idiots la seule chose que j'ai briguée fut la mort. Je ne pensais pas qu'ils la trouveraient aussi vite...
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
« Depuis son premier roman traduit en français, on apprécie l'Uruguayen Felipe Polleri pour son exploration du monde de la folie, vue de l'intérieur, et des questions que posent l'aliénation et la vie quotidienne. Dans Allemagne, Allemagne !, il reprend son thème favori pour cette fois le confronter à une folie plus générale, plus historique aussi, puisqu'une bonne partie du roman est une allusion au nazisme. » (Christian Roinat, Espace Latinos)
A PROPOS DE L'AUTEUR
Felipe Polleri est né en juin 1953 à Montevideo. Diplômé en bibliologie, il a travaillé pendant près de quatorze ans à la Bibliothèque Nationale de Montevideo. En 1995, il démissionne et se consacre totalement à la littérature et à la pauvreté.
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