Extrait
I Le professeur Handen déposa sa plume et se renversa dans son fauteuil avec un soupir de soulagement.
Il était enfin terminé, ce travail sur les origines de la Germanie, œuvre longue et ardue qui lui avait pris des années, coûté de patientes recherches et devait donner à son nom une célébrité européenne. Maintenant, il lui serait loisible de prendre du repos, et peut-être, l’esprit plus tranquille, donnerait-il au corps la vigueur qui lui manquait.
Un grand frisson le secoua tout entier.
La chaleur était cependant intolérable dans ce cabinet de travail fermé de portières et de lourds rideaux, encombré de bibliothèques et de tables chargées de livres. C’était la retraite austère du savant... celle aussi d’un homme qui souffrait, qui se sentait envahi, terrassé chaque jour par une faiblesse plus grande.
En un geste las, la main fine du professeur passa à plusieurs reprises dans les cheveux blonds à peine grisonnants qui couronnaient son front très haut. Une fatigue indicible se lisait dans son regard, et, un instant, ses yeux se fermèrent. Mais aussitôt il se redressa. Repoussant d’un geste impatient les manuscrits épars devant lui, il murmura :
– Vais-je me laisser aller, maintenant ? Qu’ai-je donc ce soir ? Je ne suis pas malade, cependant... et même je vais certainement mieux.
Il se leva et se mit à arpenter la pièce. Sa taille élevée se découpait en une ombre gigantesque sur la muraille éclairée par les lampes du bureau. Au bout d’un moment, il interrompit sa promenade et, prenant une photographie dans le tiroir d’un secrétaire, il se rapprocha de la lumière pour la regarder.
Elle représentait deux jeunes gens d’une quinzaine d’années, l’un très mince, très blond, avec un regard rêveur et doux ; l’autre, brun, aux traits d’une régularité remarquable, aux superbes yeux foncés, profonds et tendres, décelant une âme ardente. Ils se tenaient affectueusement appuyés l’un sur l’autre, et le blond rêveur posait sa main, en un geste de tendre protection, sur l’épaule de son compagnon...
I Le professeur Handen déposa sa plume et se renversa dans son fauteuil avec un soupir de soulagement.
Il était enfin terminé, ce travail sur les origines de la Germanie, œuvre longue et ardue qui lui avait pris des années, coûté de patientes recherches et devait donner à son nom une célébrité européenne. Maintenant, il lui serait loisible de prendre du repos, et peut-être, l’esprit plus tranquille, donnerait-il au corps la vigueur qui lui manquait.
Un grand frisson le secoua tout entier.
La chaleur était cependant intolérable dans ce cabinet de travail fermé de portières et de lourds rideaux, encombré de bibliothèques et de tables chargées de livres. C’était la retraite austère du savant... celle aussi d’un homme qui souffrait, qui se sentait envahi, terrassé chaque jour par une faiblesse plus grande.
En un geste las, la main fine du professeur passa à plusieurs reprises dans les cheveux blonds à peine grisonnants qui couronnaient son front très haut. Une fatigue indicible se lisait dans son regard, et, un instant, ses yeux se fermèrent. Mais aussitôt il se redressa. Repoussant d’un geste impatient les manuscrits épars devant lui, il murmura :
– Vais-je me laisser aller, maintenant ? Qu’ai-je donc ce soir ? Je ne suis pas malade, cependant... et même je vais certainement mieux.
Il se leva et se mit à arpenter la pièce. Sa taille élevée se découpait en une ombre gigantesque sur la muraille éclairée par les lampes du bureau. Au bout d’un moment, il interrompit sa promenade et, prenant une photographie dans le tiroir d’un secrétaire, il se rapprocha de la lumière pour la regarder.
Elle représentait deux jeunes gens d’une quinzaine d’années, l’un très mince, très blond, avec un regard rêveur et doux ; l’autre, brun, aux traits d’une régularité remarquable, aux superbes yeux foncés, profonds et tendres, décelant une âme ardente. Ils se tenaient affectueusement appuyés l’un sur l’autre, et le blond rêveur posait sa main, en un geste de tendre protection, sur l’épaule de son compagnon...