Alors qu’elle était repartie vers son destin de jeune chorégraphe, Gus, lui, avait passé le reste de sa vie à nourrir pour elle un amour désincarné.
Au-delà de la chair est un roman où se mêlent les souvenirs et les émotions de la narratrice dans une histoire qui met en scène la difficulté à s'offrir, et qui montre les limites de la chair... Après les obsèques de Gus, être asocial rescapé des camps de la mort, Anne G. hérite, à sa grande stupéfaction, de la maison de cet homme qu’elle a rêvé de séduire vingt ans plus tôt là, au cœur du Larzac. A la lumière des témoignages de Jeanne Grimal, la vieille femme confinée dans la rancœur et la frustration, de Monsieur Guibal, le père spirituel de Gus, elle va revisiter les souvenirs enfouis dans sa mémoire : quelques jours passés là autrefois, entre un couple improbable (la mère juive et son compagnon, ancien kapo à Auschwitz), la grande désolation du Causse écrasé de chaleur, et cet homme mystérieux obsédé par ses propres sécrétions.Elle découvre que, alors qu’elle était repartie vers son destin de jeune chorégraphe fascinée par le corps et le mouvement, Gus, lui, avait passé le reste de sa vie à nourrir pour elle un amour désincarné, sublimé dans un travail gigantesque et secret de sculpture sur pierre. Il avait cherché, semble-t-il, à la rejoindre dans la recherche éperdue de la Forme.
Qui était cet homme, dont l’histoire dévoilée pouvait l’amener à penser qu’il pouvait être son frère… En quelques jours, Anna G. fera le douloureux apprentissage de l’impuissance face au temps qui passe et efface trop de choses ; elle devra affronter les questions qu’elle avait inconsciemment écartées dans sa jeunesse : comment accepter l’idée de la vie et de la finitude, la réalité du corps à la fois complice et ennemi, la folie de la mémoire, qui évince ce qui la dérange pour mieux nous en « bombarder » lorsqu’on s’y attend le moins…
Découvrez un roman où se mêlent souvenirs et émotions dans une histoire qui met en scène la difficulté à s'offrir, et qui montre les limites de la chair.
EXTRAIT
« C’est elle, Gus… Regarde-la, c’est elle. »
— Je suis là, maman, ça va aller… Calme-toi.
Tout en lui parlant à voix basse, il décroche avec douceur les doigts de sa mère vrillés sur sa peau pour finalement garder ses deux mains dans les siennes.
Je n’ai pas eu le temps ni la présence d’esprit de m’éclipser, et je ressens ma présence comme obscène dans ce moment à la fois intime et dramatique.
Je regarde Hans ; je ne comprends rien, mais il se passe quelque chose et je suis semble-t-il concernée.
Hans me fait signe et nous les laissons seuls ; dehors, la pluie a cessé ; un orage rapide nous avait soudain refoulés à l’intérieur ; seule en reste l’odeur de terre assoiffée, insatisfaite. Nous nous asseyons sous la treille autour d’une table en bois épais ; j’attends sans rien dire que ce vieil homme massif parle, m’explique ce qui se passe ; je suis là par hasard, et il semble que je sois tombée dans une drôle d’histoire.
Au-delà de la chair est un roman où se mêlent les souvenirs et les émotions de la narratrice dans une histoire qui met en scène la difficulté à s'offrir, et qui montre les limites de la chair... Après les obsèques de Gus, être asocial rescapé des camps de la mort, Anne G. hérite, à sa grande stupéfaction, de la maison de cet homme qu’elle a rêvé de séduire vingt ans plus tôt là, au cœur du Larzac. A la lumière des témoignages de Jeanne Grimal, la vieille femme confinée dans la rancœur et la frustration, de Monsieur Guibal, le père spirituel de Gus, elle va revisiter les souvenirs enfouis dans sa mémoire : quelques jours passés là autrefois, entre un couple improbable (la mère juive et son compagnon, ancien kapo à Auschwitz), la grande désolation du Causse écrasé de chaleur, et cet homme mystérieux obsédé par ses propres sécrétions.Elle découvre que, alors qu’elle était repartie vers son destin de jeune chorégraphe fascinée par le corps et le mouvement, Gus, lui, avait passé le reste de sa vie à nourrir pour elle un amour désincarné, sublimé dans un travail gigantesque et secret de sculpture sur pierre. Il avait cherché, semble-t-il, à la rejoindre dans la recherche éperdue de la Forme.
Qui était cet homme, dont l’histoire dévoilée pouvait l’amener à penser qu’il pouvait être son frère… En quelques jours, Anna G. fera le douloureux apprentissage de l’impuissance face au temps qui passe et efface trop de choses ; elle devra affronter les questions qu’elle avait inconsciemment écartées dans sa jeunesse : comment accepter l’idée de la vie et de la finitude, la réalité du corps à la fois complice et ennemi, la folie de la mémoire, qui évince ce qui la dérange pour mieux nous en « bombarder » lorsqu’on s’y attend le moins…
Découvrez un roman où se mêlent souvenirs et émotions dans une histoire qui met en scène la difficulté à s'offrir, et qui montre les limites de la chair.
EXTRAIT
« C’est elle, Gus… Regarde-la, c’est elle. »
— Je suis là, maman, ça va aller… Calme-toi.
Tout en lui parlant à voix basse, il décroche avec douceur les doigts de sa mère vrillés sur sa peau pour finalement garder ses deux mains dans les siennes.
Je n’ai pas eu le temps ni la présence d’esprit de m’éclipser, et je ressens ma présence comme obscène dans ce moment à la fois intime et dramatique.
Je regarde Hans ; je ne comprends rien, mais il se passe quelque chose et je suis semble-t-il concernée.
Hans me fait signe et nous les laissons seuls ; dehors, la pluie a cessé ; un orage rapide nous avait soudain refoulés à l’intérieur ; seule en reste l’odeur de terre assoiffée, insatisfaite. Nous nous asseyons sous la treille autour d’une table en bois épais ; j’attends sans rien dire que ce vieil homme massif parle, m’explique ce qui se passe ; je suis là par hasard, et il semble que je sois tombée dans une drôle d’histoire.