« On s'en fiche de la photo. Moi, ce que je veux savoir, c'est pourquoi Gustave Léger, fils de collectionneur, a vendu toute la collection de son père, sauf cinq tableaux, les cinq tableaux précisément qu'il a donnés au musée ? »
Quels secrets recèlent ces cinq tableaux ? Bien malgré lui, Marc, guide-conférencier au musée des Beaux-Arts de Lyon, se voit rattrapé par le passé et doit entreprendre une quête de la vérité pour découvrir l'origine de ces toiles. Cinq oeuvres qu'il a bien connues lorsqu'il était étudiant en histoire de l'art et qui ravivent à leur manière, le souvenir de sa soeur retrouvée morte un soir d'automne au pied d'un immeuble abandonné.
Marc parviendra-t-il à faire le deuil de sa soeur à travers l'enquête sur ces tableaux mystérieux ? Réponse dans ce roman psychologique poignant
EXTRAIT
Au milieu des années quatre-vingts, j'ai exercé un métier qui n'a pas de nom. J'écrivais des textes à propos de tableaux puis je les lisais à haute voix. Mon auditeur m'écoutait sans rien dire. Quand j'avais fini, il me tendait une enveloppe où se trouvait mon salaire. J'étais étudiant en histoire de l'art. Une fois par mois, toujours à la même place, je m'asseyais en face de lui et je lisais. Au début mal assurée, ma voix prenait possession du lieu dont la lumière changeait en fonction des saisons, mais, toujours, il était là, face à moi, silencieux, immobile, me fixant de ses yeux grands ouverts qui ne me voyaient pas, les iris tournés vers le plafond. Il regardait quelque chose sur la surface blanche, mais ce n'était qu'un signe de la maladie qui s'installait progressivement. Le contour des objets devenait de plus en plus flou. Les lignes se déformaient. Des taches noires encombraient le centre de sa vision. La première fois, j'avais eu la sensation qu'il me scrutait, mais lorsqu'il s'était levé, ses mains hésitantes avaient palpé le dossier d'un fauteuil. Elles avaient saisi une canne à l'extrémité recourbée et l'avaient dirigée devant son long corps maigre de vieil homme, tapant sur le sol à petits coups rapides. J'étais resté pétrifié sur le divan, incapable de lui porter une aide qu'il ne réclamait pas, alors qu'il marchait vers la porte, enfermé dans la nuit qui s'imposait à lui et interdisait la jouissance des tableaux légués par son père, dont il voulait se délivrer, mais pas avant de les avoir vus une dernière fois, par le truchement des histoires que j'en raconterais. Perdre ses jambes lui aurait été moins pénible, m'avait-il confié un jour. Il perdait la vue, tel un OEdipe puni, mais pour quelle faute ? Il ne le disait pas.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Anne Richet vit près de Lyon. Après un premier roman paru aux Éditions Siloë, elle signe ici un récit dense empreint de sensibilité et de mystère, où chacun de nous est invité à porter un nouveau regard sur les oeuvres d'art en laissant libre cours à son imagination.
Quels secrets recèlent ces cinq tableaux ? Bien malgré lui, Marc, guide-conférencier au musée des Beaux-Arts de Lyon, se voit rattrapé par le passé et doit entreprendre une quête de la vérité pour découvrir l'origine de ces toiles. Cinq oeuvres qu'il a bien connues lorsqu'il était étudiant en histoire de l'art et qui ravivent à leur manière, le souvenir de sa soeur retrouvée morte un soir d'automne au pied d'un immeuble abandonné.
Marc parviendra-t-il à faire le deuil de sa soeur à travers l'enquête sur ces tableaux mystérieux ? Réponse dans ce roman psychologique poignant
EXTRAIT
Au milieu des années quatre-vingts, j'ai exercé un métier qui n'a pas de nom. J'écrivais des textes à propos de tableaux puis je les lisais à haute voix. Mon auditeur m'écoutait sans rien dire. Quand j'avais fini, il me tendait une enveloppe où se trouvait mon salaire. J'étais étudiant en histoire de l'art. Une fois par mois, toujours à la même place, je m'asseyais en face de lui et je lisais. Au début mal assurée, ma voix prenait possession du lieu dont la lumière changeait en fonction des saisons, mais, toujours, il était là, face à moi, silencieux, immobile, me fixant de ses yeux grands ouverts qui ne me voyaient pas, les iris tournés vers le plafond. Il regardait quelque chose sur la surface blanche, mais ce n'était qu'un signe de la maladie qui s'installait progressivement. Le contour des objets devenait de plus en plus flou. Les lignes se déformaient. Des taches noires encombraient le centre de sa vision. La première fois, j'avais eu la sensation qu'il me scrutait, mais lorsqu'il s'était levé, ses mains hésitantes avaient palpé le dossier d'un fauteuil. Elles avaient saisi une canne à l'extrémité recourbée et l'avaient dirigée devant son long corps maigre de vieil homme, tapant sur le sol à petits coups rapides. J'étais resté pétrifié sur le divan, incapable de lui porter une aide qu'il ne réclamait pas, alors qu'il marchait vers la porte, enfermé dans la nuit qui s'imposait à lui et interdisait la jouissance des tableaux légués par son père, dont il voulait se délivrer, mais pas avant de les avoir vus une dernière fois, par le truchement des histoires que j'en raconterais. Perdre ses jambes lui aurait été moins pénible, m'avait-il confié un jour. Il perdait la vue, tel un OEdipe puni, mais pour quelle faute ? Il ne le disait pas.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Anne Richet vit près de Lyon. Après un premier roman paru aux Éditions Siloë, elle signe ici un récit dense empreint de sensibilité et de mystère, où chacun de nous est invité à porter un nouveau regard sur les oeuvres d'art en laissant libre cours à son imagination.
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