Appuyé à l’une des colonnettes de pierre, il revivait les heures de cet après-midi : il revoyait la table garnie de sa nappe blanche à dessins rouges, la buire d’étain, les vieux verres en forme de coupes et la faïence d’autrefois que Bénédicte avait disposés là pour lui, parce qu’elle connaissait son goût pour les objets du passé. Avec des gestes tranquilles et harmonieux, elle servait les trois convives. Norbert revoyait la souriante douceur des yeux bruns et l’ombre qui avait un moment éteint leur lueur dorée, quand, loyalement, il avait déclaré son incroyance. Bénédicte... ! petite sainte, petite fiancée toute virginale ! Elle avait passé dans sa vie comme une vision toute pure et maintenant qu’il appartenait entièrement au Seigneur, il pouvait, sans aucune faute, ramener en son esprit le souvenir de cet être béni, dont le cœur candide n’avait connu et inspiré que l’amour dépouillé de ses contingences terrestres.