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Extrait I Les vitres voilées de tulle s’enflammaient aux lueurs orangées du soleil couchant. La lumière pénétrait en flots ardents dans le petit salon, se jouait sur les meubles de style, les bibelots artistiques, les grands palmiers ombrageant de fines et blanches statuettes, et enveloppait d’un rayonnement fauve la jeune fille enfoncée dans une bergère, où sa mince personne disparaissait presque. Jeune fille ou enfant ?... Cette seconde hypothèse semblait admissible en considérant ses traits frêles, ses formes graciles et la natte de cheveux noirs rejetée sur son épaule. Mais il suffisait de…mehr

Produktbeschreibung
Extrait
I
Les vitres voilées de tulle s’enflammaient aux lueurs orangées du soleil couchant. La lumière pénétrait en flots ardents dans le petit salon, se jouait sur les meubles de style, les bibelots artistiques, les grands palmiers ombrageant de fines et blanches statuettes, et enveloppait d’un rayonnement fauve la jeune fille enfoncée dans une bergère, où sa mince personne disparaissait presque.
Jeune fille ou enfant ?... Cette seconde hypothèse semblait admissible en considérant ses traits frêles, ses formes graciles et la natte de cheveux noirs rejetée sur son épaule. Mais il suffisait de rencontrer les yeux magnifiques, d’un bleu sombre, qui éclairaient ce pâle et fin visage, pour pressentir l’existence d’une âme déjà formée. Il y avait, dans ces yeux-là, une profondeur de pensée qui eût semblé excessive chez une si jeune créature sans le charme de candeur, d’enfantine simplicité émanant de cette physionomie délicate et lui communiquant une mystérieuse attirance.
La jeune fille avait laissé tomber son ouvrage sur ses genoux et, croisant les mains sur sa jupe de deuil, elle laissait errer autour d’elle son regard empreint de réflexion triste... Tout contre elle était blottie une petite forme noire – noire des pieds à la tête, car la chevelure bouclée avait des tons d’ébène rivalisant avec l’étoffe de deuil. Seules, deux très petites mains se montraient, serrant avec force la robe de la jeune fille.
Tout à coup, des plis de la jupe de cachemire sortit un visage d’enfant – un fin et joli visage dont les yeux bleus, très doux, se promenèrent quelques secondes autour du salon. Ils regardèrent longuement le violon posé sur un fauteuil, près de sa boîte béante, et le pupitre où s’ouvraient les feuillets d’un morceau de musique... Ce regard enfantin reflétait une vive perplexité et le petit front blanc se plissait sous la tension de quelque embarrassante pensée. Tout bas, une voix douce murmura :
– Alix !...
Autorenporträt
Delly est le nom de plume conjoint d'un frère et d'une soeur, Jeanne-Marie Petitjean de La Rosière, née en Avignon en 1875, et Frédéric Petitjean de La Rosière, né à Vannes en 1876, auteurs de romans d'amour populaires.