Si les " nouveaux pauvres " sont des exclus, n'est-ce pas que l'isolement de chacun est aujourd'hui le mal général? N'est-ce pas d'ailleurs cet isolement, plus que celui des pauvres eux-mêmes, que cherche à rompre la charité " médiatisée "? Au fil des siècles, les réflexions sur la pauvreté reflètent non pas tant la condition réelle des pauvres que ce que chaque époque considère comme son malheur. Au XVIe et au début du XVIIe siècle, si le pauvre est perçu comme un désordonné et un criminel, c'est que le désordre sévit au coeur de l'Etat. Lorsqu'au XVIIIe on tend à voir le pauvre comme une majorité utile à qui l'on ne fait pas justice, c'est sans doute que des paysans meurent de faim, mais plus encore que la bourgeoisie cherche à faire reconnaître son utilité sociale. Lorsqu'à l'avènement de l'ère industrielle on voit dans le pauvre cet ouvrier " démoralisé " dans tous les sens du terme, c'est que se pose la question de l'avenir moral de l'homme dans une société vouée à la production et à l'échange de richesses. Parler des pauvres, c'est donc moins s'intéresser à leurs propres besoins qu'à ceux de la communauté. Mais c'est aussi révéler les trois grands impératifs de toute société que sont l'ordre, l'utilité et le don. Philippe Sassier est né en 1951. Il est docteur d'Etat en science politique.
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