Le bonheur peut-il justifier le crime ? Le dernier roman de Jacqueline Harpman, qui a l'allégresse cruelle et le mordant satirique des précédents, est une comédie sur le bien et le mal. On aurait pu le nommer : Le diable par la queue ou Les diaboliques. Mais, justement, lorsque le narrateur, un architecte sexagénaire, tombe en panne de voiture non loin de La Diguière, gracieuse propriété construite au dix-huitième siècle et gardée depuis dans la famille, il croit découvrir une famille bohème et désargentée, échangeant les travaux de la toiture contre une chambre d'hôte et de menus services. C'est le lent déclin d'une aristocratie joyeuse. La Diguière est le seul luxe et la seule raison de vivre des trois générations de femmes qui y vivent : « Princesses déguenillées couronnées de liseron, elles régnaient sur les orties, changeaient les citrouilles en Rolls-Royces, les chats en princes et la pauvreté en fantaisie ». Quand Albertine, déjà mère et grand-mère, se laisse épouser par un riche entrepreneur, la famille soupire d'aise. Quand le sauveur veut être malgré lui le fossoyeur de l'harmonie architecturale de La Diguière, ces dames ne l'entendent pas de la même manière. Un accident est si vite arrivé... Le crime est dans le pré. En toute impunité !
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