Féerie bourgeoise est un roman de Tristan Bernard publié en 1924.
Extrait
I
Ce jour-là, chez M. Bernard Lunéville, on attend Mme Levreau, la sœur de Bernard. Elle habite Dijon, avec son mari et ses enfants, et n’est pas venue depuis trois ans à Paris.
L’appartement et le bureau de Bernard se trouvent au premier étage d’une maison de la rue Réaumur. Depuis 1888, M. Lunéville y vend des diamants et des perles. Il en a été exilé pendant dix mois, au moment où l’on a démoli et rebâti l’immeuble pour le mettre à l’alignement. Durant ce laps de temps, il a émigré à côté, pour ne pas trop changer l’adresse de la maison, et ce petit déménagement provisoire n’a pas nui à ses affaires.
Bernard est veuf depuis dix ans. Mme Lunéville a succombé à toutes sortes de maladies, après avoir gémi pendant des années et annoncé constamment son décès pour la semaine suivante. On avait fini par croire que cette santé si chancelante chancellerait éternellement, et l’événement fatal a frappé encore plus douloureusement la famille que ne l’eût fait un dénouement moins escompté.
Bernard a un enfant unique, une jeune fille de dix-huit ans, au visage songeur et tendre.
Claire aime beaucoup sa tante Levreau et se réjouit vraiment de la revoir, peut-être aussi parce qu’elle a l’espoir de l’étonner un peu. Tante Sarah ne manquera pas de la trouver très changée, tout à fait jeune fille maintenant. Mais c’est surtout tante Louise, la sœur de feu Mme Lunéville, une maigre et taquine vieille demoiselle, qui s’apprête à éblouir la tante de province. Tante Sarah, de son côté, s’attend à cela, et, dans le train qui l’amène à Paris, se prépare une âme rebelle à tout éblouissement.
À six heures du soir, la famille : Bernard, Louise qui habite chez Bernard, et la jeune Claire s’enfonce dans le métro pour gagner la gare de Lyon...
Extrait
I
Ce jour-là, chez M. Bernard Lunéville, on attend Mme Levreau, la sœur de Bernard. Elle habite Dijon, avec son mari et ses enfants, et n’est pas venue depuis trois ans à Paris.
L’appartement et le bureau de Bernard se trouvent au premier étage d’une maison de la rue Réaumur. Depuis 1888, M. Lunéville y vend des diamants et des perles. Il en a été exilé pendant dix mois, au moment où l’on a démoli et rebâti l’immeuble pour le mettre à l’alignement. Durant ce laps de temps, il a émigré à côté, pour ne pas trop changer l’adresse de la maison, et ce petit déménagement provisoire n’a pas nui à ses affaires.
Bernard est veuf depuis dix ans. Mme Lunéville a succombé à toutes sortes de maladies, après avoir gémi pendant des années et annoncé constamment son décès pour la semaine suivante. On avait fini par croire que cette santé si chancelante chancellerait éternellement, et l’événement fatal a frappé encore plus douloureusement la famille que ne l’eût fait un dénouement moins escompté.
Bernard a un enfant unique, une jeune fille de dix-huit ans, au visage songeur et tendre.
Claire aime beaucoup sa tante Levreau et se réjouit vraiment de la revoir, peut-être aussi parce qu’elle a l’espoir de l’étonner un peu. Tante Sarah ne manquera pas de la trouver très changée, tout à fait jeune fille maintenant. Mais c’est surtout tante Louise, la sœur de feu Mme Lunéville, une maigre et taquine vieille demoiselle, qui s’apprête à éblouir la tante de province. Tante Sarah, de son côté, s’attend à cela, et, dans le train qui l’amène à Paris, se prépare une âme rebelle à tout éblouissement.
À six heures du soir, la famille : Bernard, Louise qui habite chez Bernard, et la jeune Claire s’enfonce dans le métro pour gagner la gare de Lyon...
Dieser Download kann aus rechtlichen Gründen nur mit Rechnungsadresse in A, B, BG, CY, CZ, D, DK, EW, E, FIN, F, GR, HR, H, IRL, I, LT, L, LR, M, NL, PL, P, R, S, SLO, SK ausgeliefert werden.