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Un Marseille triste et sale sous la pluie, un Marseille terne, dont l’Affaire Dreyfus et les dernières grèves semblent avoir encrassé la claire atmosphère…; la foire des Santons, chère à Paul Arène, y est elle-même en décadence ; à peine compte-t-on, sous les Allées, quatre ou cinq baraques de ces bonnes petites figurines : les dieux s’en vont ; d’affreuses exhibitions les remplacent, de musées anatomiques et de monstres sous-marins, et, sans les aguichantes Bonbonneries provençales (on prononce bombe… onneries), on pourrait se croire sur le cours de n’importe quelle ville du Centre.…mehr

Produktbeschreibung
Un Marseille triste et sale sous la pluie, un Marseille terne, dont l’Affaire Dreyfus et les dernières grèves semblent avoir encrassé la claire atmosphère…; la foire des Santons, chère à Paul Arène, y est elle-même en décadence ; à peine compte-t-on, sous les Allées, quatre ou cinq baraques de ces bonnes petites figurines : les dieux s’en vont ; d’affreuses exhibitions les remplacent, de musées anatomiques et de monstres sous-marins, et, sans les aguichantes Bonbonneries provençales (on prononce bombe… onneries), on pourrait se croire sur le cours de n’importe quelle ville du Centre.
L’animation, la gaieté, la foule, l’assent même n’y sont plus ; aussi est-ce sans regret que je le vois s’enfoncer et décroître à l’arrière du paquebot, ce Marseille de décembre et de déception, qui m’a, cette fois, apparu telle une maîtresse vieillie, avec un visage altéré qu’on ne reconnaît plus ; Marseille que j’ai tant aimé et que je quitte presque avec joie, comme j’ai quitté, il y a trois jours, un Paris de politiciens et d’intrigues, empoisonné par la reprise de l’Affaire.
Autorenporträt
Jean Lorrain, Fécamp, 9 août 1855 - Paris, 30 juin 1906 De son vrai nom Paul Alexandre Martin Duval, ce fils de bonne bourgeoisie provinciale sortit vite du rang. Ayant jeté ses études aux orties, il se lança dans la poésie, la littérature et le journalisme. Mais surtout il sut jouer de son goût de la provocation pour se composer un personnage outrancier haut en couleurs, bagarreur, scandaleux, et volontiers vulgaire. Son attrait morbide pour les paradis artificiels, les ambiguïtés de sa sexualité, joints à la qualité indéniable de ses oeuvres, composent un ensemble hétéroclite qui exclut d'emblée l'indifférence. Usé par ses extravagances, il finit par mourir à 50 ans, après plusieurs cures de désintoxication peu concluantes.