Au début du xxie siècle, en France, il est des images filmées dont l'État interdit l'accès à une catégorie du public, les mineurs, parce que leurs effets sont jugés dangereux : ce sont des images d'actes sexuels, des images d'actes violents, ou les deux. De quelle instance procèdent ces décisions ? Selon quels critères ? Avec quelles conséquences en cas de contestation de la décision du gouvernement, aussi bien par les artistes que par des associations de spectateurs au nom de la protection de la jeunesse et du respect de la dignité humaine ? Arnaud Esquerre a assisté aux débats en huis clos des membres de la Commission de classification. Il analyse comment les commissaires interprètent et rendent un avis sur les films. Il se penche aussi sur la manière dont des décisions ministérielles délivrant des visas ont été remises en cause à plusieurs reprises depuis le film Baise-moi en 2000. Il peut sembler évident que la liberté d'expression en France, un État se présentant comme démocratique, ne cesse de s'étendre et que cette extension sera acquise pour toujours. Pourtant, en pénétrant dans les coulisses de la « censure » au cinéma telle qu'elle s'exerce aujourd'hui, ce que la lectrice ou le lecteur sont invités à découvrir, c'est pourquoi la liberté d'expression n'est jamais définitivement gagnée. Arnaud Esquerre est sociologue. Chargé de recherche au CNRS, il est directeur de l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS - EHESS, CNRS, Inserm, Paris 13).
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