Ce document nous présente le journal authentique d'un civil, déporté de force vers l'Allemagne, en 1916, pour compenser les pertes effrayantes causées par les grandes batailles d'usure, comme, en 1916, celle de Verdun, encore dans la mémoire de chacun, dans le monde entier ! Victor Goffart, une des victimes de ces déportations, a relaté, jour après jour, dans un cahier, tous les avatars, privations et souffrances vécus lors de ces quelques mois terribles dans un camp, avec la faim, le froid et les coups, omniprésents et incontournables. Il rentre de déportation en mai 1917, pour cause de maladie, après cinq mois gravés en lui, et qu'il ne saura et ne voudra jamais oublier. il a survécu à cette terrible épopée et nous a laissé un beau témoignage : « un petit éclat de marbre qui prend toute sa valeur quand il s'insère dans la composition d'une mosaïque, lui donne un sens et une couleur ; l'Histoire est aussi la somme des témoignages hérités du passé »(Fr. Balace, professeur ordinaire honoraire). Et ce « civil » a bien apporté sa contribution à la Vérité historique de la Grande Guerre.Curieusement, l'Histoire ne s'est guère penchée sur ces déportations planifiées et les souvenirs mentionnés dans le journal de Victor Goffart rendent un son et un ton très véridiques. Ce document souligne des aspects très intéressants et très révélateurs de la « mentalité du temps », notamment la solidarité et la fraternité dans l'épreuve entre les Flamands et les Wallons et, simultanément, les liens très étroits qui font s'entraider avec ardeur les prisonniers de guerre et les déportés belges originaires du même petit coin très localisé, du même terroir. Une seule citation, reprise dans le journal, traduit très bien cet esprit : « Nous décidons, à neuf camarades de notre petit village, de mêler nos réserves de vivres dans un sac commun et de n’y toucher que chaque soir par parties égales et le moins possible ». Quelle extraordinaire leçon de vie pour nous, lecteurs du XXIème siècle, repus de tant de choses !