Il est souvent déconseillé d'abuser des rapprochements et des parallèles historiques, mais il arrive parfois que des situations historiques semblables se présentent à des siècles d'intervalle. De la même façon qu'aujourd'hui se manifeste chez les décideurs de tous bords un impérieux besoin de « réformer l'État », de même la monarchie millénaire avait, au XVIIIe siècle, perçu la nécessité de se régénérer : mais pourrait-on venir à bout des pesanteurs, des routines, des égoïsmes, et qui le ferait ? (Questions que nous connaissons bien.) Devant les difficultés rencontrées pour faire appliquer sa politique (« enregistrement » des textes), Louis XV finit par confier au chancelier Maupeou (1714-1792) une réforme radicale : suppression de la vénalité des charges de la magistrature, nomination de juges indépendants rémunérés par le pouvoir (comme aujourd'hui), suppression d'un certain nombre de ressorts judiciaires. Ces mesures passant mal auprès d'un corps réactionnaire et attaché à ses privilèges, Maupeou fut contraint d'exiler loin de Paris de nombreux parlementaires. Décidée en 1771, cette réforme fut rapidement un succès et devint populaire : la justice se désengorgeait, l'État se reconstruisait. Un temps, on pût croire que le vieil édifice monarchique pouvait se rénover... Mais c'était sans compter avec les intérêts en jeu. Dès que Louis XV mourut (1774), le jeune et inexpérimenté Louis XVI crut bon de disgracier Maupeou et de rappeler les parlementaires. La révolution était en marche, les privilèges étaient de retour. Portrait passionnant de l'homme qui voulut réformer l'État et la justice : le chancelier Maupeou.
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