Kean ou Désordre et Génie est la plus classique des comédies du XIXe siècle, toujours jouée et chérie des grands interprètes de tout pays. Alexandre Dumas l’a écrite en 1836, s’inspirant de la vie déréglée et pleine de vices du célèbre acteur tragique anglais Edmund Kean et, depuis toujours, occupe une place de choix dans l’histoire du théâtre de prose car elle a représenté le modèle de “comédie romantique” et en raison de la grande influence qu’elle a eue aussi bien sur les auteurs que sur les interprètes dramatiques de l’époque. Kean est un acteur de succès qui interprète ses rôles en dépassant toute forme de burlesque jusqu’à atteindre des sommets l’impliquant de façon dangereuse et même diabolique. Il est aimé par deux femmes : la comtesse Kœfeld, courtisée par le prince de Galles, et par la riche héritière Anna Damby qui s’est enfuie de la maison de son tuteur pour ne pas devoir épouser lord Mewill… Une intrigue de passions où, toutefois, émerge la lutte «individualiste » de Kean avec la société de l’époque contre le moralisme dominant et les préjugés de caste. Et avec l’emphase qui le caractérise, il proclame, de façon révolutionnaire, que les droits du talent et de la passion sont supérieurs aux mesquines exigences de la moralité conventionnelle.