Le jeune Docteur Martelac, les deux mains dans ses poches et les yeux fixés sur les pavés inégaux entre lesquels une pluie d'orage venait de laisser des plaques d'eau jaunâtre, descendait une longue rue en pente comme il y a tant à Poitiers. Cette ville, dont une partie est sur une hauteur, est séparée des coteaux connus sous le nom de dunes, qui l'entourent presque entièrement, par des faubourgs étalés sur les rives du Clain. Des rues, partant du plateau sur lequel s'élèvent ses principaux édifices, vont aboutir aux boulevards qui longent la rivière et forment une ceinture trop souvent poussiéreuse à la vieille cité. Robert Martelac marchait depuis dix minutes et atteignait une ruelle peu éclairée quand un jeune officier venant d'une rue opposée, se trouva subitement en face de lui, le regarda un instant avec hésitation et parut disposé à l'arrêter. La rue était déserte, étroite; les trottoirs attestaient plus d'ambition que d'espace, le ruisseau coulait encore lentement et reflétait les étoiles, à présent visibles dans le ciel redevenu clair....