Un roman fantastique s'épanouissant dans un décor irlandais
"Rares sont les écrivains qui peuvent égaler Hodgson lorsqu’il ébauche le dessein des forces sans nom et de monstrueuses entités toutes proches, au moyen d’allusions fortuites et de détails sans importance, ou bien lorsqu’il communique le sentiment du surnaturel et de l’anormal qui pèse sur un paysage ou une demeure. C’est l’histoire d’une maison abandonnée et maudite en Irlande, qui est le point de concentration de hideuses forces souterraines et qui soutient le siège lancé par des monstres hybrides et blasphémateurs, issus d’abîmes insoupçonnables. L’esprit du narrateur qui voyage pendant d’interminables années-lumière à travers l’espace cosmique et les "Kalkpas" éternelles, assistant finalement à la désintégration du système solaire, constitue quelque chose d’assez unique dans la littérature. Partout se manifeste le don de l’auteur à suggérer des objets de terreur imprécis et embusqués dans un décor normal. "
La Maison au bord du Monde est sans doute le chef-d’œuvre de Hodgson.
EXTRAIT
Pendant bien des heures, j’ai médité sur l’histoire qu’on trouvera ci-après. Plus d’une fois, en ma qualité d’éditeur, j’ai été tenté de la rendre plus « littéraire » ; mais je crois que mon instinct ne m’a pas trompé quand il m’a conduit à la laisser telle qu’elle m’a été remise, dans toute sa simplicité.
Quant au manuscrit lui-même — vous devez essayer de me voir, la première fois qu’on me l’a confié, le retournant avec curiosité en tous sens, avant d’en faire un rapide examen, en le parcourant. C’est un petit livre ; mais il est serré et, à part les quelques dernières pages, il est rempli d’une écriture bizarre mais très lisible, en même temps que très serrée. Tandis que j’écris ces lignes, j’ai dans les narines la curieuse et fugace odeur du puits et mes doigts ont gardé l’impression que donnent ces pages collantes ayant séjourné longtemps dans l’humidité.
Il me suffit d’un léger effort pour me rappeler le sentiment premier que m’a donné le contenu de ce livre : des coups d’œil distraits et fragmentaires m’ont permis de dégager immédiatement une impression de fantastique.
Imaginez-moi confortablement assis pour passer quelques heures solitaires en compagnie de ce petit livre compact. Et le changement qui s’opère dans mes jugements ! L’apparition d’une demi-croyance. D’une apparente « fantaisie » se dégage, pour récompenser ma concentration impartiale, un ensemble cohérent d’idées qui accroche mon intérêt plus sûrement que la simple ossature du compte rendu ou de l’ histoire, à volonté, bien que j’avoue ma préférence pour la première expression. J’ai trouvé une plus grande histoire dans la petite — et le paradoxe n’en est pas un.
A PROPOS DE L’AUTEUR
William Hope Hodgson (1877 – 1918) est né dans le Comté d'essex . Fils de pasteur, il quitte très jeune sa famille et naviguera pendant huit ans. Cette expérience très dure marquera sa vie personnelle mais également son travail d’écrivain. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, il vit en France. Il retourne alors en Angleterre pour s’engager dans l’armée et est tué au front. C’est en dix années d’écriture qu’il écrivit l’ensemble de ses ouvrages parmi lesquels on compte quelques-uns des textes les plus importants de la littérature fantastique : La Chose dans les algues, Les Canots du Glen Carrig ou encore La Maison au bord du Monde.
"Rares sont les écrivains qui peuvent égaler Hodgson lorsqu’il ébauche le dessein des forces sans nom et de monstrueuses entités toutes proches, au moyen d’allusions fortuites et de détails sans importance, ou bien lorsqu’il communique le sentiment du surnaturel et de l’anormal qui pèse sur un paysage ou une demeure. C’est l’histoire d’une maison abandonnée et maudite en Irlande, qui est le point de concentration de hideuses forces souterraines et qui soutient le siège lancé par des monstres hybrides et blasphémateurs, issus d’abîmes insoupçonnables. L’esprit du narrateur qui voyage pendant d’interminables années-lumière à travers l’espace cosmique et les "Kalkpas" éternelles, assistant finalement à la désintégration du système solaire, constitue quelque chose d’assez unique dans la littérature. Partout se manifeste le don de l’auteur à suggérer des objets de terreur imprécis et embusqués dans un décor normal. "
La Maison au bord du Monde est sans doute le chef-d’œuvre de Hodgson.
EXTRAIT
Pendant bien des heures, j’ai médité sur l’histoire qu’on trouvera ci-après. Plus d’une fois, en ma qualité d’éditeur, j’ai été tenté de la rendre plus « littéraire » ; mais je crois que mon instinct ne m’a pas trompé quand il m’a conduit à la laisser telle qu’elle m’a été remise, dans toute sa simplicité.
Quant au manuscrit lui-même — vous devez essayer de me voir, la première fois qu’on me l’a confié, le retournant avec curiosité en tous sens, avant d’en faire un rapide examen, en le parcourant. C’est un petit livre ; mais il est serré et, à part les quelques dernières pages, il est rempli d’une écriture bizarre mais très lisible, en même temps que très serrée. Tandis que j’écris ces lignes, j’ai dans les narines la curieuse et fugace odeur du puits et mes doigts ont gardé l’impression que donnent ces pages collantes ayant séjourné longtemps dans l’humidité.
Il me suffit d’un léger effort pour me rappeler le sentiment premier que m’a donné le contenu de ce livre : des coups d’œil distraits et fragmentaires m’ont permis de dégager immédiatement une impression de fantastique.
Imaginez-moi confortablement assis pour passer quelques heures solitaires en compagnie de ce petit livre compact. Et le changement qui s’opère dans mes jugements ! L’apparition d’une demi-croyance. D’une apparente « fantaisie » se dégage, pour récompenser ma concentration impartiale, un ensemble cohérent d’idées qui accroche mon intérêt plus sûrement que la simple ossature du compte rendu ou de l’ histoire, à volonté, bien que j’avoue ma préférence pour la première expression. J’ai trouvé une plus grande histoire dans la petite — et le paradoxe n’en est pas un.
A PROPOS DE L’AUTEUR
William Hope Hodgson (1877 – 1918) est né dans le Comté d'essex . Fils de pasteur, il quitte très jeune sa famille et naviguera pendant huit ans. Cette expérience très dure marquera sa vie personnelle mais également son travail d’écrivain. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, il vit en France. Il retourne alors en Angleterre pour s’engager dans l’armée et est tué au front. C’est en dix années d’écriture qu’il écrivit l’ensemble de ses ouvrages parmi lesquels on compte quelques-uns des textes les plus importants de la littérature fantastique : La Chose dans les algues, Les Canots du Glen Carrig ou encore La Maison au bord du Monde.