Gilbert, en montant de son pas ferme et souple de jeune sportif, jetait autour de lui des regards charmés. La forêt se montrait à lui dans toute son austère beauté, dans tout son attirant mystère. Des coulées de lumière glissaient le long des branches, des troncs grisâtres, et s’étendaient sur le sol couvert de mousse, d’où avaient surgi des rocs aux formes tourmentées, qui étaient, au dire de la légende, des génies ainsi changés, en punition de quelque forfait collectif, dont le souvenir n’avait pas franchi les âges. Un silence impressionnant planait au travers de cette sylve superbe, à peine frémissante sous un léger souffle d’air brûlant. Et puis l’ascension devint plus douce, cessa presque complètement. Gilbert et sa compagne étaient arrivés au grand plateau sur lequel, aux temps féodaux, les barons de Sernailles avaient dressé leur forteresse, en pleine forêt. Toujours en suivant un sentier, ils arrivèrent à une courte distance du château. Et à travers les troncs des sapins et des mélèzes, Gilbert put apercevoir la lourde masse grise, la grosse tour carrée de Caubreterre, demeure de ses aïeux.