La robotisation et l'intelligence artificielle devraient à l'avenir modifier la médecine et la relation médecin-patient. Comment et à quel point ?
L’influence de la technologie sur notre société et l’évolution ultrarapide de celle-ci ouvrent un nombre grandissant de questions auxquelles nous ne savons pas encore répondre. Comment peut-on imaginer que, dans un environnement largement automatisé et robotisé, truffé d’intelligence artificielle, le secteur des soins de santé reste inchangé ? Comment évolueront le métier de médecin et la relation au patient dans les prochaines années ? Le médecin est-il voué à disparaître ou, au contraire, pourra-t-il se concentrer sur ce qui constitue les vraies valeurs de son métier, à savoir l’écoute, l’éducation et l’accompagnement du patient ? Et si l’avenir de la médecine se jouait là, maintenant ?
Cet essai sur la médecine et les technologies s'interroge sur le rôle à venir du médecin et l'amélioration possible de l'intelligence humaine et relationnelle grâce à l'aide de l'intelligence artificielle.
EXTRAIT
Le principe de mesure en continu permet d’évoquer un autre changement majeur de paradigme. Comme soignants, nous nous contentons aujourd’hui des données que nous obtenons au moment de ce fameux « colloque singulier » entre le soigné et le soignant. Nous estimons que cela nous suffit pour prendre des décisions plus qu’importantes concernant le traitement en cours, en particulier quand il s’agit de maladies chroniques. N’est-il pas paradoxal, par contre, que nous portions finalement plus d’attention à la bonne santé de nos voitures qu’à notre propre santé ? En effet, quand nous allons au garage, le technicien branche un ordinateur qui lui permet de saisir une multitude de données provenant des divers capteurs dispersés sur la voiture. Il obtient ainsi un historique entre les « deux visites ». Il effectue, sur la base du profil enregistré et analysé, des réparations et, si nécessaire, il entreprend des actions préventives pour éviter des problèmes mécaniques ultérieurs. Avouons humblement qu’en médecine, nous n’en sommes pas là. Nous n’avons que très peu de données du patient qui illustrent objectivement son état entre deux consultations espacées dans le temps. Ce manque de données est immanquablement délétère pour une prise en charge optimale et nous empêche d’aborder réellement le virage de la médecine préventive et prédictive. N’oublions pas non plus que les paramètres physiologiques que l’on mesure pendant ce colloque singulier peuvent être fortement influencés par le stress provoqué par la blouse blanche.
Heureusement, la mesure en continu de paramètres physiologiques devient une pratique de plus en plus courante. Elle a fait irruption auprès des consommateurs d’abord dans le monde du bien-être et du sport, sous forme par exemple de montres connectées qui donnent à l’utilisateur diverses informations en continu (activité journalière, qualité du sommeil, fréquence cardiaque, etc.). Par la suite, cette pratique a migré de plus en plus vers le monde médical.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Chef du service de radiothérapie au CHU de Liège et professeur en radiothérapie à l’Université de Liège, Philippe Coucke est également membre du conseil de gouvernance du Département de Physique Médicale et du Centre Intégré d’Oncologie. À travers ses interventions publiques, il fait régulièrement le bilan des changements technologiques et sociétaux qui touchent le monde de la santé.
L’influence de la technologie sur notre société et l’évolution ultrarapide de celle-ci ouvrent un nombre grandissant de questions auxquelles nous ne savons pas encore répondre. Comment peut-on imaginer que, dans un environnement largement automatisé et robotisé, truffé d’intelligence artificielle, le secteur des soins de santé reste inchangé ? Comment évolueront le métier de médecin et la relation au patient dans les prochaines années ? Le médecin est-il voué à disparaître ou, au contraire, pourra-t-il se concentrer sur ce qui constitue les vraies valeurs de son métier, à savoir l’écoute, l’éducation et l’accompagnement du patient ? Et si l’avenir de la médecine se jouait là, maintenant ?
Cet essai sur la médecine et les technologies s'interroge sur le rôle à venir du médecin et l'amélioration possible de l'intelligence humaine et relationnelle grâce à l'aide de l'intelligence artificielle.
EXTRAIT
Le principe de mesure en continu permet d’évoquer un autre changement majeur de paradigme. Comme soignants, nous nous contentons aujourd’hui des données que nous obtenons au moment de ce fameux « colloque singulier » entre le soigné et le soignant. Nous estimons que cela nous suffit pour prendre des décisions plus qu’importantes concernant le traitement en cours, en particulier quand il s’agit de maladies chroniques. N’est-il pas paradoxal, par contre, que nous portions finalement plus d’attention à la bonne santé de nos voitures qu’à notre propre santé ? En effet, quand nous allons au garage, le technicien branche un ordinateur qui lui permet de saisir une multitude de données provenant des divers capteurs dispersés sur la voiture. Il obtient ainsi un historique entre les « deux visites ». Il effectue, sur la base du profil enregistré et analysé, des réparations et, si nécessaire, il entreprend des actions préventives pour éviter des problèmes mécaniques ultérieurs. Avouons humblement qu’en médecine, nous n’en sommes pas là. Nous n’avons que très peu de données du patient qui illustrent objectivement son état entre deux consultations espacées dans le temps. Ce manque de données est immanquablement délétère pour une prise en charge optimale et nous empêche d’aborder réellement le virage de la médecine préventive et prédictive. N’oublions pas non plus que les paramètres physiologiques que l’on mesure pendant ce colloque singulier peuvent être fortement influencés par le stress provoqué par la blouse blanche.
Heureusement, la mesure en continu de paramètres physiologiques devient une pratique de plus en plus courante. Elle a fait irruption auprès des consommateurs d’abord dans le monde du bien-être et du sport, sous forme par exemple de montres connectées qui donnent à l’utilisateur diverses informations en continu (activité journalière, qualité du sommeil, fréquence cardiaque, etc.). Par la suite, cette pratique a migré de plus en plus vers le monde médical.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Chef du service de radiothérapie au CHU de Liège et professeur en radiothérapie à l’Université de Liège, Philippe Coucke est également membre du conseil de gouvernance du Département de Physique Médicale et du Centre Intégré d’Oncologie. À travers ses interventions publiques, il fait régulièrement le bilan des changements technologiques et sociétaux qui touchent le monde de la santé.