Ce livre, si j’ose l’appeler ainsi, sera le quatrième que j’aurai écrit pour défendre la plus juste des causes, et écrit, hélas ! dans une stupeur et une indignation croissantes devant tant d’irréductibles partis pris et tant d’entêtements aveugles. Il ne mérite même pas le nom de livre ; il n’est qu’un incohérent amas de documents et de témoignages — tous irréfutables, il est vrai, mais qui cependant auraient beaucoup gagné à être présentés avec un peu plus d’ordre, moins de répétitions, moins de maladresses. Pauvre livre, que de difficultés entravèrent son éclosion ! Il y eut d’abord la censure, dont la partialité fut excessive. Et puis surtout, il y eut par centaines des banquiers levantins qui, les mains pleines d’or, veillaient partout ; c’étaient gens habiles et acharnés à découvrir, au flair, les quelques rares petites âmes à vendre qui çà et là entachaient nos rangs, et, sous leur patronage, des calomnies salariées s’insinuaient de temps à autre par surprise dans nos feuilles les plus intègres ; contre les pauvres Turcs, des insultes infiniment regrettables se faufilaient sans trop de peine, tandis qu’il ne fallait jamais toucher aux Arméniens ni aux Grecs.