Panique sur la piste d'atterrissage ! Un grain de sable, ou plutôt de neige, dans un vol soigneusement préparé amène un commandant à se faire dépasser par son avion... jusqu'à se retrouver aligné sur la mauvaise piste... Michel Vanvaerenbergh nous invite à embarquer dans ce recueil de nouvelles autobiographiques, glissant quelques anecdotes personnelles de sa carrière de pilote. A PROPOS DE L'AUTEUR En 1948, Michel Vanvaerenbergh poursuit des études d'ingénieur industriel avant d'intégrer l'école d'aviation civile à Bruxelles. Pendant près de trente ans, il pilotera des Boeing pour le compte de la Sabena, la compagnie aérienne nationale belge. Devenu instructeur en vol, il donnera cours de navigation aérienne et maritime dans diverses écoles et rédigera le cours de navigation de l'administration de l'aéronautique. Son livre, Souvenirs sans gloire, se décline sous forme de 14 nouvelles. EXTRAIT Il fait froid en ce mois de janvier 1998. Nous partons à Moscou, Jérôme B. et moi. Nous nous connaissons depuis longtemps : Jérôme est un de mes élèves. C'est quelqu'un de consciencieux que je ne crains pas de laisser seul au cockpit lorsqu'un besoin physiologique urgent m'appelle ailleurs et, cerise sur le gâteau, nous nous entendons comme cul et chemise.Le vol se présente bien, la météo est bonne à Moscou, aussi bien à notre destination Sheremetievo, qu'à notre diversion Vnukovo. Il y a pas mal de vent, certes, mais comme souvent dans ce cas, la visibilité et le plafond ne posent pas de problème. Il y a juste un « tempo » : averses de neige, visi 1 500 mètres et plafond à 500 pieds. Tempo, comme le nom l'indique, c'est temporaire. S'il y a des averses, on prévoit qu'elles ne dureront pas. Et ce serait bien le diable si le tempo devait être simultané sur les deux aérodromes. Je prendrais bien un doigt de fuel supplémentaire, mais je suis déjà à pleine charge.Pour prendre plus de fuel, je devrais débarquer des passagers. À 75 kg le passager, pour prendre une tonne, il faut en débarquer treize. Jérôme est d'accord avec moi, la météo ne le justifie pas. Ce que la météo prévoit de pire, mille cinq cents mètres et cinq cents pieds, c'est largement dans nos minimas.Le vol se passe bien, et nous approchons de Moscou. Nous sommes autorisés direct MR. MR, c'est le VOR de Moscou, la plus puissante des aides à l'approche. Tous les pilotes belges connaissent sa fréquence (114.6) de mémoire car c'est la même que celle du VOR de Bruxelles. Je commence à capter l'ATIS qui m'indique que nous sommes en plein dans le tempo. Il neige à gros flocons, mais surtout, et ça, ce n'était pas précisé dans le tempo, la visibilité est très mauvaise. À tel point qu'on ne donne même pas de visibilité : on donne des RVR. La RVR, nous l'avons vu, c'est le Runway Visual Range. En gros, la distance à laquelle on peut distinguer une forte lampe. Cela varie en fonction des circonstances, mais une RVR de 600 mètres ne correspond souvent qu'à une visibilité réelle de l'ordre de 200 mètres.
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