Quand le passé resurgit, une existence peut être bouleversée...
Hiver comme été, vous êtes sûrs de me trouver pour peu que vous traversiez la placette sise à l’angle des rues Ordener et Damrémont dans le XVIIIème arrondissement de Paris. J’ai accumulé couvertures, doudounes, baskets – le superflu dont vous vous débarrassez alentour. Je connais tout le monde ici. Presque tout le monde me connaît. Comme tout le monde, j’ai une histoire, des souvenirs, des rêves. Des projets ? Je ne suis pas certaine de savoir ce que signifie ce mot.
Vous me regardez, vous m’ignorez. Ou alors, vous me gratifiez d’une pièce, d’une cigarette, parfois d’une parole gentille. Gentillesse… Là aussi, j’ai oublié la signification exacte. Pourtant, j’ai des choses à dire, je veux que vous les entendiez avant que je sois complètement déglinguée. Ma vie bancale a commencé sur un banc…
Georgette n'a pas toujours été clodette... Avant, elle était Léa, une bourgeoise parisienne qui vivait dans le confort. Un jour, elle croise "un fantôme" qui va bouleverser sa vie.
Ce roman plein d'émotions, à la fois drôle et tragique, questionne notre capacité à changer de peau du jour au lendemain et nous plonge dans le monde des sans-abri où la fraternité et la solidarité sont indispensables à la survie.
EXTRAIT
L’homme, assis tout près, si près, a gardé ses yeux espiègles, des rides sont venues les encadrer ; les tempes sont blanches, les lèvres s’étirent en un large sourire. Il la regarde comme s’il observait le rayonnage d’un bar-tabac, car l’objet de son désir est à portée de main : quelques bouffées de plaisir volées au temps qui rechigne à vieillir. Il la regarde, ne la reconnaît pas, ou plutôt se refuse à la reconnaître : il n’y a qu’une Léa sur terre, et ce sosie ne peut être qu’elle. Mais comme il a zappé de son passé étoiles et fées, il zappe aussi le sosie et reste campé sur ses positions. Elle – Léa – n’a rien oublié. Elle sait que c’est lui, elle savait qu’elle le retrouverait : célèbre et puant, ou… éclopé et nauséabond. Puant et nauséabond… L’association des deux adjectifs la fait sourire : quel que soit le niveau du barreau social sur lequel on perche, on transmet ses odeurs.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
La rue est mon royaume est une merveille. Un livre inattendu, une grande baffe dans le cœur, costardée d'une écriture fabuleuse qui n'est pas sans me rappeler celle d' Un Singe en hiver [...] La rue est mon royaume est l'un des bouquins les plus tisonnants, qu'il m'a été donné de savourer depuis quelques temps, qui me "contente", comme dirait son héroïne. - Grégoire Delacourt
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née à Paris, Bénédicte Froger-Deslis partage sa vie entre la France et le Congo, où elle a vécu plusieurs années. Elle anime des ateliers d'écriture pour les adultes et les enfants et est formatrice en français pour les étrangers.
Hiver comme été, vous êtes sûrs de me trouver pour peu que vous traversiez la placette sise à l’angle des rues Ordener et Damrémont dans le XVIIIème arrondissement de Paris. J’ai accumulé couvertures, doudounes, baskets – le superflu dont vous vous débarrassez alentour. Je connais tout le monde ici. Presque tout le monde me connaît. Comme tout le monde, j’ai une histoire, des souvenirs, des rêves. Des projets ? Je ne suis pas certaine de savoir ce que signifie ce mot.
Vous me regardez, vous m’ignorez. Ou alors, vous me gratifiez d’une pièce, d’une cigarette, parfois d’une parole gentille. Gentillesse… Là aussi, j’ai oublié la signification exacte. Pourtant, j’ai des choses à dire, je veux que vous les entendiez avant que je sois complètement déglinguée. Ma vie bancale a commencé sur un banc…
Georgette n'a pas toujours été clodette... Avant, elle était Léa, une bourgeoise parisienne qui vivait dans le confort. Un jour, elle croise "un fantôme" qui va bouleverser sa vie.
Ce roman plein d'émotions, à la fois drôle et tragique, questionne notre capacité à changer de peau du jour au lendemain et nous plonge dans le monde des sans-abri où la fraternité et la solidarité sont indispensables à la survie.
EXTRAIT
L’homme, assis tout près, si près, a gardé ses yeux espiègles, des rides sont venues les encadrer ; les tempes sont blanches, les lèvres s’étirent en un large sourire. Il la regarde comme s’il observait le rayonnage d’un bar-tabac, car l’objet de son désir est à portée de main : quelques bouffées de plaisir volées au temps qui rechigne à vieillir. Il la regarde, ne la reconnaît pas, ou plutôt se refuse à la reconnaître : il n’y a qu’une Léa sur terre, et ce sosie ne peut être qu’elle. Mais comme il a zappé de son passé étoiles et fées, il zappe aussi le sosie et reste campé sur ses positions. Elle – Léa – n’a rien oublié. Elle sait que c’est lui, elle savait qu’elle le retrouverait : célèbre et puant, ou… éclopé et nauséabond. Puant et nauséabond… L’association des deux adjectifs la fait sourire : quel que soit le niveau du barreau social sur lequel on perche, on transmet ses odeurs.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
La rue est mon royaume est une merveille. Un livre inattendu, une grande baffe dans le cœur, costardée d'une écriture fabuleuse qui n'est pas sans me rappeler celle d' Un Singe en hiver [...] La rue est mon royaume est l'un des bouquins les plus tisonnants, qu'il m'a été donné de savourer depuis quelques temps, qui me "contente", comme dirait son héroïne. - Grégoire Delacourt
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née à Paris, Bénédicte Froger-Deslis partage sa vie entre la France et le Congo, où elle a vécu plusieurs années. Elle anime des ateliers d'écriture pour les adultes et les enfants et est formatrice en français pour les étrangers.